6 avril 2021

L’indécence d’aller bien

Mercredi soir, je lisais le résumé des dernières annonces macronesques, et j’ai senti tout mon corps qui disait NON.

Je ne voulais pas croire qu’on nous resservait une troisième part de confinement après nous avoir oubliés pendant des mois avec un couvre-feu à 18h.

Je ne voulais pas entendre que pour la deuxième année consécutive, mon anniversaire se fêterait confiné, que tout ce que j’avais prévu pour la journée de mes 30 ans serait annulé – et que les vacances programmées pour avancer sur le projet Pyrénées aussi.

Je pensais aux beaux jours qui reviennent, à la douceur d’être dehors quand il fait bon et que la lumière décline lentement, aux soirées entre ami·es… Et tout en moi disait « Non, non, non. Ça a assez duré cette affaire. »

Les challenges et les cadeaux

Intellectuellement parlant, je sais que s’opposer à ce qui est déjà là n’est que gaspillage de temps et d’énergie. Je sais que refuser la réalité n’amène rien d’autre qu’un supplément douleur – mais c’était plus fort que moi.

Je me suis observée lutter contre ce que je vivais, me débattre dans une lourdeur que j’avais moi-même créée, chercher aussitôt des solutions pour échapper à ce que je venais d’apprendre. (Car comme chacun sait, les solutions qu’on trouve sur une base de déni sont toujours extrêmement judicieuses…)

J’oscillais constamment entre 2 extrêmes : « On va faire comme si de rien » d’un côté, et « Puisque c’est de la merde, autant devenir moi-même un gros tas de caca » de l’autre. Constructive, la meuf.

Je suis restée plus de 24h comme ça, avec ma crise d’ego. Ce qui nous amène à vendredi dernier, où, hasard du calendrier, j’enchaînais les 2 accompagnements que j’ai en ce moment. J’y suis allée avec ce qui était présent pour moi, un gloubi-boulga d’opposition et de lourdeur. Et comme à chaque fois que je rencontre ce type de défi, j’ai fini par déballer le cadeau qui allait avec : deux (re)prises de conscience amenées sur un plateau par la vie.

prise de conscience
Ah, c’était un cadeau ? Désolée, j’avais pas compris plus tôt…

#1 : Le pouvoir de la présence et de l’ouverture

Je vivais tellement de déception avec cette histoire d’anniversaire que je l’ai amenée en coaching. Et ce que j’en ai retiré est précieux.

Ce qui fait l’extraordinaire, la magie, le calme intérieur, la joie profonde, ce n’est pas ce que l’extérieur propose : c’est mon niveau de présence à ce que je suis en train de vivre. C’est d’arrêter d’attendre/de chercher plus, ou mieux, ou différent, pour embrasser ce qui est disponible MAINTENANT.

En y repensant, c’est vrai que j’ai déjà senti mon cœur exploser de bonheur « pour rien ». Juste parce que je venais de tilter que j’étais en vie et que c’était ouf. Ou parce que j’avais vu une fleur magnifique. Ou parce que Lili s’était couchée en travers du tapis pour réclamer des câlins alors que je faisais du gainage.

Et puis j’ai déjà passé des journées de merde, où tout était génial sur le papier… Mais moi, j’étais juste pas là pour en profiter. J’étais paumée quelque part à Futur-ville, Passé-city ou Ailleurs-town.

présence

Pour en revenir à mon anniversaire, j’ai réalisé qu’il ne tenait qu’à moi d’en faire une journée extraordinaire – confinement ou pas confinement. De troquer les routines et automatismes pour la curiosité, la créativité et l’intentionnalité.

Non, je peux pas faire cette séance de flottaison que je m’étais prévue, ni cette balade à cheval que j’espérais. Mais je peux préparer un pique-nique génial et déplier la nappe dans mon jardin. Organiser une chasse au trésor chez moi. Dire à mes proches que je les aime.

Je peux décider de passer toute la journée les yeux et le cœur grand ouverts. Même si le terrain de jeu est moins grand que prévu, même si certaines choses ne sont pas faisables… Les possibilités n’en sont pas moins infinies.

Fait amusant : juste après que mon positionnement intérieur ait switché, mon mec m’a sorti l’air de rien « Mercredi je vais avoir besoin que tu partes promener Lili 1h pour installer des trucs dans la maison ». J’étais excitée comme une gamine, et rien que de penser à ce qu’il me prépare, j’ai déjà la chialade de joie au bord de l’œil. (Comme ça le gars n’a pas DU TOUT la pression #mouahahahaha.)

Autre fait amusant : j’ai fêté mon anniversaire en avance avec ma famille dimanche, et je sais pas si j’ai déjà été aussi heureuse de passer du temps avec eux. Curieusement, j’étais dans un niveau d’ouverture et de disponibilité intérieures totalement inédit vis-à-vis de ma famille. Curieusement…

#2 : Souffrir n’aide pas le monde

L’autre (re)prise de conscience – offerte par la maison – c’était sur la lourdeur que je ressentais. En tant que grosse éponge émotionnelle sur pattes, je capte sans grande surprise pas mal de peurs, de frustration et de déprime en ce moment. (Et quelque chose me dit que je suis pas la seule ici, n’est-ce pas ? 😉)

Mais quand j’ai pris quelques instants pour aller regarder à l’intérieur, ça m’est apparu comme une évidence : toute cette lourdeur ne m’appartenait pas. Ce n’était pas le mood dans lequel j’étais, au fond de moi.

J’ai pu toucher qu’en réalité, je vais très bien, et que mon appétit de vivre est plus fort que jamais.

enthousiasme pour la vie
Mon enthousiasme pour la vie en ce moment 🙂

Mais voilà, inconsciemment, je trouvais presque INDÉCENT d’aller bien et de vouloir aller encore mieux alors-qu’il-y-a-tant-de-souffrance-dans-le-monde-surtout-en-ce-moment. Une part de moi se demandait si ce n’était pas égoïste d’être à ce point obsédée et enthousiasmée par la vie… Alors que d’autres en chient ou basculent en mode survie.

L’empathie et la connexion aux autres sont des valeurs hautes chez moi. Sans m’en rendre compte, je m’étais donc créé un petit pack de souffrance interne, dans le seul but de rester en lien avec ceux·celles qui vont mal en ce moment. Un mécanisme inconscient, tout ce qu’il y a de plus souffrant… Et aussi de plus inutile. Car comme me l’a judicieusement rappelé ma coach Laure, si je vais mal par solidarité avec ceux·celles qui vont mal, non seulement je n’aide personne, mais en plus je me punis moi.

Ça m’a fait sourire qu’elle me dise ça, parce que je l’ai écrit texto dans mon livre : « souffrir n’aide pas le monde« .

Ce n’est pas en me calquant sur la douleur de l’autre que je le soulage de quoi que ce soit. C’est en étant qui je suis, en lui offrant ma présence, mon écoute, ma compassion.

C’est une folie de croire que parce que je vais bien, j’aurais moins de place pour l’autre dans mon cœur. Pourquoi est-ce que je fermerais, pourquoi est-ce que je serais moins disponible, accueillante, à l’écoute… ? La réalité, c’est que mieux je vais, plus je peux apporter mon aide à l’autre (si je le souhaite et qu’elle est demandée, évidemment).

Le monde n’a pas besoin d’un nivellement par la souffrance sur le mode « Viens on en chie tous comme ça non seulement ce sera nul, mais en plus il n’y aura absolument rien d’autre à espérer ». Le monde a besoin de gens qui vont bien, de gens qui peuvent aider et inspirer ceux·celles pour qui c’est plus compliqué. Parfois c’est moi, parfois c’est toi, ça bouge avec le vivant et il n’y a pas de jugement à rajouter là-dessus.

La vie en pause (… ou pas)

Voilà plus d’un an qu’on essaie de mettre la vie en pause.

C’est vrai qu’au vu des évènements, c’est tentant de tout lâcher, basculer en pilote automatique ou se rouler en boule en attendant que ça passe.

Réveillez moi quand le COVID c’est fini !

Mais pendant qu’on joue au hérisson, la vie passe, justement. Le temps ne s’est pas mis en pause parce qu’il y a un troisième confinement. Ce ne sont pas des jours/mois/années qu’on pourra récupérer à la fin parce qu’on les a ratées : si on ne les vit pas, c’est perdu. Point.

La vie c’est tout le temps, et donc c’est aussi maintenant. Avec les contraintes, les impossibilités et les pertes de repères propres à cette période.

À nous de garder le cap de l’amour, de nos désirs, et de saisir chaque opportunité d’embrasser notre existence pleinement.

Portez vous bien ❤️

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Photo à la une : Claude Piché | Unsplash

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