21 juillet 2022

Mieux vivre sa multipotentialité… Et ses envies de changement

Je fais partie de ces profils multi-passionnés qui ont besoin d’apprentissage constant, de challenge, de variété… Et qui ont donc souvent envie de changement. J’aimerais dire que je suis parfaitement à l’aise avec cette multipotentialité, mais c’est faux. Certains jours, je suis joie ; d’autres fois, c’est la fanfare du jugement.

Au cours de ma traversée du désert en juin dernier, j’ai fait une petite « crise de multipotentielle ». Comprendre : suite à une énième envie de changement, je me suis fait quelques noeuds au cerveau.

J’ai à coeur de partager sur cette expérience, comment je l’ai vécue et surtout, ce qu’elle m’a appris, car je sais que beaucoup d’entre vous ne vivent pas bien leur multipotentialité. Que tu te reconnaisses dans ce terme ou non, j’espère que cet article t’aidera à célébrer ton goût pour la nouveauté et tes multiples centres d’intérêt.

Ça commence par un désir de changement…

En juin, j’ai ressenti une envie nouvelle et très forte : contribuer « de l’intérieur » et concrètement à la transition écologique. Je me suis vue à mi-temps ou en mission pour un organisme engagé, comme chargée de communication / d’animation / de projet ; et cette idée m’enthousiasmait beaucoup.

Présenté comme ça, ça paraît simple. Limpide.

Et ça l’est.

Mais ça n’était pas du tout dans mes plans. Alors ça s’est compliqué.

Cette envie surgissait de nulle part, alors que je venais de lancer une offre ambitieuse à laquelle je comptais consacrer l’essentiel de mon temps. J’étais déjà coach, facilitatrice et créatrice de contenus : j’aimais ces trois casquettes et je n’avais pas de place pour une mission/un job à temps partiel, qui viendrait rajouter de la confusion dans ma vie professionnelle.

Le malaise était même plus profond que ça. Car ce désir d’intégrer une équipe ne bousculait pas seulement mes plans, mais aussi mon identité :

  • d’entrepreneure / fille-qui-mène-sa-barque d’une part,
  • et de coach / accompagnante / inspiratrice d’autre part.

Ce désir venait faire un strike dans tout ce par quoi je me suis définie professionnellement, ces 3 à 6 dernières années. Alors tu t’en doutes, il m’a fallu cheminer un peu avant de l’accepter.

À l’heure où j’écris ces lignes, j’ai renoué avec la confiance, l’enthousiasme, et je suis en quête de cette fameuse mission. Comment je vais la combiner avec le reste, qu’est-ce que ça va changer, est-ce que je vais abandonner l’une de ces activités… ? Je ne sais pas, je n’en suis pas encore là. Pour l’instant, je suis au stade où je vais explorer cette possibilité – je verrais bien ensuite ce que ça fait bouger.

Qu’est-ce qui m’a permis d’ouvrir la porte à ce changement et d’entrer plus sereinement dans l’inconnu ? C’est ce que j’aimerais te partager maintenant.

3 pistes pour mieux vivre le changement… Et aimer sa multipotentialité !

Si tu as tendance à mal vivre tes envies de nouveauté, à ne pas savoir quoi faire de tous tes centres d’intérêt, à juger ta polyvalence et regretter de ne pas être « comme tout le monde »… Voici ce que je retiens de l’épisode que j’ai traversé : 3 principes qui m’aident à bien vivre cette multipotentialité.

1. Faire de la place à tes désirs = ouvrir le champ des possibles

Lorsqu’elle est apparue, mon envie était claire comme de l’eau-de-vie. Mais comme c’était très déstabilisant, je ne l’ai pas (bien) écoutée. Je l’ai aussitôt jugée et commentée (« tu changes tout le temps d’avis, t’es vraiment pas fiable comme personne… », « c’est n’importe quoi : chaque virage grille un peu plus ta crédibilité… », et autres petites phrases assassines). Et ce qui était au départ très simple est devenu un gros bordel. 🤯

À force d’écouter les jugements et scénarios catastrophe qui défilaient dans ma tête, la confusion est arrivée. L’élan du coeur s’est retrouvé noyé dans une grande agitation mentale, au point de me persuader que je ne savais pas ce que je voulais.

Et c’est une tendance que j’observe chez tout le monde. Tant qu’on est dans le commentaire de ce qui se passe (« envie de nouveauté ? je suis quelqu’un d’instable ») / l’anticipation de ce qui pourrait se passer (« ça n’a aucune cohérence, plus personne ne voudra m’embaucher ») / l’interprétation de ce qui s’est passé (« du coup ça veut dire qu’avant c’était pas la bonne voie ? »), on ne peut PAS entendre clairement cette envie qui toque à la porte. Ça crée comme un brouillard sonore qui vient parasiter ce que tu veux, ici et maintenant.

Lorsque je suis revenue à une écoute pure et simple de l’intérieur, à l’accueil sans jugement de mon désir, tout est redevenu clair : j’avais envie d’un mi-temps au service d’un projet écologique. Point barre.

Si je me contente d’observer cette envie sans la commenter, tout redevient possible. Je peux contribuer à un projet de l’intérieur ET en soutenir de l’extérieur. Être entrepreneure ET salariée. Être capitaine de mon navire ET rejoindre un équipage. Et tellement d’autres choses. Je ne suis plus obligée d’exclure, d’opposer, de limiter mes options à ce que je connais déjà. Je peux explorer et inventer mon propre modèle chaque jour, avec joie et curiosité.

2. Arrêter de chercher un parcours classique…

Retourner à la case offres d’emploi et CV m’a fait l’effet d’une douche froide. Ça faisait 6 ans que je n’avais pas fait ça, et le moins qu’on puisse dire c’est… Que je me suis pas mal éloignée des codes du marché du travail 😂

Entre l’APEC et Pôle Emploi coincés dans les années 1990 et la start-up nation qui recrute des « A-players qui aiment se surpasser et overdélivrer » (traduction : tu bosseras 70h/semaine mais il y a un babyfoot), je me suis sérieusement demandée si c’était moi qui avait un problème… Ou le monde du travail.

Au final, on se fout pas mal de la réponse. Le fait est que je ne me vois pas bosser pour une entreprise classique, et encore moins pour une licorne de la tech. Ces univers sont à des années-lumières de ma vision, de mes valeurs et de mes envies. Et c’est OK.

Une fois que c’était posé et accepté, j’ai arrêté de me projeter dans des environnements qui ne sont pas faits pour moi… Et mon sentiment d’inadaptation a disparu. (C’est fou ce qu’on peut s’infliger, à essayer d’être dans la « normalité » !)

Ça a libéré de la place pour quelques trouvailles beaucoup plus réjouissantes à mon goût : des missions dans des coopératives ou des associations qui oeuvrent pour la résilience alimentaire, les circuits courts, l’habitat partagé, la coopération… Et dont la description me donne de l’enthousiasme (plutôt que l’envie de respirer dans un sac en papier).

En bref, cet épisode m’a rappelé que mon parcours n’est pas classique… Et qu’il ne le sera jamais. Bien sûr, je suis parfois tentée par les sirènes de la normalité, par les repères qu’elle donne, son côté rassurant… Mais je vois bien qu’au fond de moi, je n’ai pas envie de me conformer à des modèles.

Et puis je suis convaincue qu’à l’avenir, la polyvalence sera de plus en plus utile et valorisée dans le monde du travail. Alors va pour défricher le terrain d’une vie professionnelle multiple et changeante !

3. Reconnaître les atouts de la multipotentialité

« J’ai touché à plein de choses mais au final, je ne suis bonne en rien. Je ne me passionne jamais suffisamment longtemps pour être experte d’un domaine – en fait, je suis une imposteure. » Ça te rappelle quelque chose ? Comme tout bon multipotentialiste, je suis souvent obnubilée par les « limites » et « défauts » de mon profil… Au point d’en avoir une vision déformée, et d’occulter mes atouts.

Répondre à quelques annonces m’a obligée à me poser sincèrement la question de mes talents. Je me suis alors souvenue de ma rapidité d’apprentissage et d’adaptation. À 31 ans, j’ai déjà été consultante en développement durable, urbaniste, rédactrice, correctrice, blogueuse, content manager, coach, facilitatrice, autrice… (Sans parler de mes jobs d’été !) J’ai écouté des gens de tous horizons et fréquenté des tas d’univers différents : fast-foods, vignobles, collectivités, cabinets de conseils, start-ups, coworkings, associations, réseaux freelance et d’entrepreneur·es, milieux écologistes, geeks, spirituels… Tout ça me donne une immense adaptabilité, une facilité à relationner, communiquer et comprendre les gens, à faire des liens et offrir un point de vue différent.

Je suis peut-être « généraliste »… Mais non, je ne reste pas à un niveau superficiel pour autant. Tour à tour, j’ai plongé dans les enjeux écologiques, la consommation responsable, le bio. Et puis aussi dans le SEO, la création de site WordPress, l’écriture, la communication. Et dans la connaissance de soi, les process de changement, l’accompagnement, l’entrepreneuriat, la déconnexion… À chaque fois, je m’immerge, me passionne, me forme et engrange des connaissances qui vont bien au-delà de quelques commentaires. Certes, j’y consacre rarement une décennie, mais de là à parler de superficialité ? Je me rends compte que non.

Et je suis certaine que c’est pareil pour toi : fais la liste de tous les sujets qui te passionnent ou qui t’ont passionné·e, de ce que tu maîtrises, et des liens que tu fais entre tout ça. Ce grand éventail de connaissances et de compétences te donne une belle agilité, une capacité à prendre du recul, à connecter, à innover. C’est important que tu en aies conscience, parce qu’on a besoin de ces talents-là.

La question n’est pas de savoir si c’est mieux ou moins bien que d’être spécialiste : c’est de reconnaître et valoriser TES atouts et leur complémentarité avec ceux d’autres personnes…

Personnellement, ça m’a fait du bien de me remémorer ça 🙂

La clé pour mieux vivre ta multipotentialité : ne pas y résister

Finalement, ce qui me semble important de retenir, c’est qu’il n’y a pas de problème avec la multipotentialité, avec le fait d’aimer le changement et la nouveauté.

Plutôt que de juger ce mode de fonctionnement, tu peux opter pour la curiosité : si tu arrêtes de vouloir être quelqu’un d’autre, si tu acceptes que c’est ta façon de faire, quelles opportunités est-ce que ça crée, quelle joie peux-tu en retirer ?

Plus facile à dire qu’à faire, j’en ai bien conscience. Mais ça vaut le coup d’essayer.

💬 Que retiens-tu de ce partage ? As-tu une expérience à partager ? Dis-le moi en commentaire !

(Et bien sûr, si tu représentes ou connais un organisme qui oeuvre pour les circuits courts, l’alimentation ou l’habitat durables, la résilience des territoires, la coopération et qui recrute à mi-temps ou en mission freelance un·e chargé·e de communication / projet, je suis tout ouïe, tu peux me contacter ! 💌)

Envie d’en lire plus sur le sujet ? Je te conseille : Pourquoi je me fous de trouver ma mission de vie

🔗 Tu découvres la multipotentialité et le sujet t’intéresse ? Pour aller plus loin, visionne la célèbre conférence TED d’Emilie Wapnick : Pourquoi certains d’entre nous n’ont pas de vocation

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5 Commentaires
  1. Manon

    Ouaouuu, je viens de lire ton article ce matin, et je me suis littéralement pris une baffe. C’est exactement ce que bis en ce moment, après sept mois d’arrêt maladie pour burn out qui m’a fait voler en éclat toutes les croyances et mes illusions que je m’étais forgée au cours de ma carrière d’écologue en bureau d’études. Tout a explosé en vol, mon identité notamment. Et j’ai été totalement dans le déni de ce que je suis profondément : multipotentielle. Le travail réglementaire et d’expert me rendait malheureuse, soyons honnête. En fait c’est simplement que j’ai besoin de changements, de challenges, d’apprentissages nouveaux, de créativité, de stimulation intellectuelle ! Et de relire ton article aujourd’hui m’a fait comprendre qu’en fait, je me trouve tiraillée entre mon besoin de me conformer à un parcours normal et linéaire dans une entreprise classique par confort et pour être rassurée, et l’envie d’explorer de multiples expériences, de tester, de changer, de retester, de rechanger…

    Et bien désormais je suis enfin alignée avec ça, grâce à ton article qui m’a donné une énorme bulle d’oxygène.

    Un grand merci pour ton témoignage

    Réponse
  2. Marianne

    Encore un superbe article qui fait du bien!

    Effectivement, je ne me reconnais pas trop dans le terme « multipotentialité » mais quoiqu’il en soit ça résonne avec mon vécu et des pensées que j’ai eu, notamment en terme de logement et de lieu de vie!
    En ce qui concerne l’investissement dans plusieurs activités, que ce soit salarié ou bénévolement, du loisir ou de la responsabilité, je trouve que la principale difficulté est la gestion du temps. Ca m’est souvent difficile de faire l’effort de refuser une opportunité mais j’apprends à le faire, pour ne pas m’épuiser ^^

    Très bon le passage sur les atouts, que l’on acquiert sans forcément être passé.e par la case « c’est mon métier depuis 10 ans donc je sais ce que je dis »! C’est bien de se le rappeler, ce n’est pas la norme et j’ai tendance à me dire que je n’ai pas vraiment de compétences professionnelles alors que déjà c’est faux, et en plus à côté j’ai vécu plein de choses, l’air de rien, qui m’ont formée sur le tas!
    Il y a toujours du bon à prendre dans tes articles, que l’on soit directement ou plus lointainement concerné.e 😉
    Bel été et j’espère que ton envie se concrétisera !

    Réponse
    • Anaelle

      Merci pour ton retour Marianne ! Oui le terme « multipotentiel » est un peu attrape-tout, mais parfois on a besoin de simplifier pour exprimer des choses 🙂 Contente que tu y aies trouvé de quoi te nourrir !

      Réponse
  3. Cécile Bussiere

    Bonjour,
    Oh la la, ce matin j’ai lu la newsletter et c’était déjà un choc de voir que ça me parlait tellement et là c’est vraiment libérateur pour moi. J’avais entendu parler du terme « multipotentialité » mais comme ça, sans savoir ce que c’était. J’ai toujours cru que j’étais une sorte de papillon qui ne savait pas ce qu’il voulait. J’ai fait aussi plusieurs métiers, j’ai crée mon entreprise l’an dernier dans une coopérative, j’ai été prof, je suis bénévole, militante écolo…je sais que j’ai du mal à me poser et à vouloir changer régulièrement et ça me posait question. Aujourd’hui j’ai écouté mon envie de m’inscrire à un nouveau diplôme (influence et plaidoyer) car suite à mon engagement politique récent je voudrais encore plus faire bouger les choses. Et pareil je me suis autoflagellée, que c’était nul de vouloir repartir sur un boulot salarié, que j’allais galérer et abandonner mon entreprise… bref c’est vraiment un soulagement de voir qu’en fait c’est peut être « normal » d’avoir des envies de changement et d’aimer plein de domaines différents ! Alors un grand MERCI

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